Le Chardonneret

Si une tache pourpre et or volette autour d’une touffe de chardons, c’est un chardonneret en quête de nourriture.

Les chardonnerets sont toujours en balade gazouillant de leur voix mélodieuse au rythme du voyage. Tout l’été, des petits groupes de ces jolis oiseaux agrémentent les vergers et haies, traversent pâturages et sols cultivés, et prospectent talus et jardins à la recherche de chardons et d’autres graine à manger.

Chaque acte du chardonneret semble être mis en musique. Il chante comme il vole, gazouille comme il mange, et continue à fredonner sa plaisante chansonnette « ouidouwit! ouidouwit! ouidouwit!  » tout au long de l’été jusqu’à l’automne. Comme le chant du chardonneret continue à résonner en août, alors que la plupart des autres oiseaux sont devenus silencieux, il est d’autant mieux accueilli.

Avec son manteau d’arlequin, le chardonneret se remarque ; on ne saurait le confondre avec un oiseau des alentours. Les chardonnerets sont les plus actifs et les plus agiles des fringillidés. Si vous en voyez un, cherchez les autres. En été, les groupes peuvent comprendre neuf couples, mais en hiver, ils sont près de 300 individus par groupe, souvent mêlés à des moineaux ou à d’autres passereaux.

Quand un groupe vole un jour d’été, les barres rouges et dorées des ailes, et le noir et le blanc de leur tête, réfléchissent la lumière du soleil, trahissant leur présence. Les marques noires et blanches des ailes et de la queue et la riche couleur fauve de leur corps révèlent leur identité. Séparément, le mâle et la femelle sont identiques et gardent le même aspect tout au long de l’année ; les couleurs du mâle sont cependant un peu plus vives.

Au printemps, le chardonneret mâle utilise ses couleurs pour faire sa cour à la femelle. Déployant ses ailes, le mâle virevolte pour exhiber ses barres dorées, puis il fait pivoter sa tête, comme pour s’assurer que ses plumes rouges sont bien visibles. Ce séducteur susurre sa jolie mélodie tout le temps de la parade amoureuse.

Les jeunes chardonnerets naissent et grandissent dans un nid confortable, fixé aux branches minces de la cime des arbres. Certains chardonnerets vont passer l’hiver au sud de l’Europe. Résidents ou migrateurs, ils nichent début avril, en colonies variables, où chaque couple défend son secteur autour du nid, mais tous les oiseaux se regroupent pour manger.

Après l’accouplement, la femelle construit le nid et couve les œufs. Les petits sont nourris par les deux parents, qui absorbent un mélange de graines et d’insectes, pour le régurgiter au nid. L’éclosion coïncide avec celle de nombreuses chenilles de papillons, en particulier la larve du porte-case du mélèze en mai et juin. Ces chenilles brunes attaquent les bourgeons et provoquent des dégâts sans l’intervention des chardonnerets.

Un couple peut élever deux couvées. Les étés chauds, quand les chardons abondent, le couple peut avoir une seconde couvée et nourrir les « petits derniers ». Certaines années, on trouve des chardonnerets au nid à la fin du mois d’août. La femelle construit le nid en tissant une coupe de racines de mousse, d’herbes et de lichens, assez profonde pour protéger ses petits du vent. Elle l’ancre sur plusieurs branches et le tapisse de feuilles mortes et de brins de laine. Une fois le nid achevé, elle pond 5 à 6 œufs bleu-vert, piquetés de brun rouge et couve 11 à 13 jours. Quand les poussins éclosent, les parents se succèdent au nid pour les nourrir. Les jeunes s’envolent après 13 à 15 jours, puis ils rejoignent la bande pour apprendre à manger tout seuls.

Son nom français signifie amateur de chardon, une dénomination qui correspond bien à la réalité, cet oiseau aimant par-dessus tout prospecter les têtes de chardons à la recherche de graines parvenues à maturité.

Son bec long et pointu est l’outil idéal pour chercher les graines du chardon dans toutes les positions : tête en bas, suspendu à la tige, ou perché sur la boule piquante. Ses pattes assez courtes permettent une excellente assise, et de ses doigts puissants, il s’accroche aux brindilles les plus ténues.

Le chardonneret utilise ses doigts pour extraire une graine et la maintenir le temps de l’ouvrir. Il se pose sur une tige puis il affermit une patte, pendant que l’autre part chercher les graines. Les chardonnerets semblent préférer les graines dans un état de maturité avancée, quand elles sont laiteuses, ce qui les amène à changer sans cesse de pied de chardon. Au début de l’été, un chardonneret ramasse les graines tombées des chardons séchés sur le sol. Il ira chercher celles qui sont restées sur la plante plus tard, et pendant l’hiver quand le sol sera couvert de glace ou de neige.